1ère Travée :
Les Vikings, hommes des fjords du Danemark, réembarquèrent précipitamment sur leurs drakkars, barques à fond plat ornés d’une tête de dragon à la proue. Les Vikings s’enfuient après avoir échoué alors qu’ils essayaient d’envahir et de mettre à sac Autrikon (Chartres), la cité des Carnutes. Cela se passait en 911, ce n’était pas leur première invasion, certaines restaient célèbres dans les mémoires des Carnutes, comme celle de 858, dans laquelle ils avaient mis à sac Autrikon (Chartres). Avec leurs barques à fond plat, les Vikings danois avaient l’habitude de remonter le cours de la Seine, puis celui de l’Eure et de piller les monastères, les châteaux et les bourgades sur leur passage. Les Vikings sont des marins inquiétants, vociférant et brandissant des haches et des épées, ce sont des pirates qui massacrent et brûlent les bâtiments. Ils emportent tout ce qui peut se vendre, bijoux, pierres et métaux précieux. L’armée franque est impuissante à réagir lors des premières attaques (le siège de Paris en 885 dure 11 mois, le duc Eudes défend Paris) mais petit à petit les villes érigent des remparts pour se protéger, elles s’arment pour résister à leurs assauts. Dans le haut des remparts de Chartres, nous voyons l’évêque Gantelme tenant à bout de bras le Voile de Vierge, relique donnée à Chartres en 860 par Charles le Chauve, petit fils de Charlemagne. L’évêque prie Dieu d’aider ses soldats carnutes à repousser les Vikings. Lors de cette dernière attaque en 911, on voit les Vikings remonter dans leurs barques, tandis que d’autres qui n’ont pas fui assez vite, sont achevés à coups de lance par les soldats carnutes et tombent dans les vignes qui étaient nombreuses sur la colline lévoise. En 911, alors que les attaques des Vikings se multiplient un peu partout, le roi Charles le Simple constate son impuissance à chasser l’adversaire, offre au chef Viking Rollon de s’installer définitivement sur son territoire, il lui donner la région de Neustrie lors du Traité de Saint-Cler-sur-Epte. Cette région remise aux hommes du nord, les Normands, deviendra riche et prospère, avec Rollon pour chef, ce sera la Normandie.
Gabriel Loire représente le Voile de la Vierge conservé encore aujourd’hui à la cathédrale de Chartres, mais à cette époque, on ne parlait pas du Voile, mais de la Sainte Chemise, elle était enveloppée dans une écharpe ornée de broderies de couleurs ayant appartenue à la Reine de Byzance au 8e siècle, et rangée dans un coffre de bois recouvert d’or et de pierres précieuses ; on pensait qu’il s’agissait de la chemise portée par la Vierge à l’Annonciation. Des réductions en plomb de la Sainte Chemise étaient agrafées aux chapeaux des pèlerins et sur la poitrine des hommes qui partaient à la guerre. En 1712, la châsse fut ouverte et on découvrit un voile long de 5,35m, ce voile fut découpé durant les tribulations de la Révolution : on trouve des morceaux à Verdun, Saint Brieuc, Rouen. Le voile actuel ne mesure plus de 2,12m sur 0,46m. Les pierres précieuses sont au Musée du Louvre ou à celui de Chartres. Les incendies de la cathédrale en 1020 et 1194 ont épargné la châsse.
2ème Travée :
On voit un donjon qui avait été construit au 10e siècles à Lèves, en bordure de l’Eure, pour se protéger des invasions. Les Carnutes ayant remarqué que les Vikings arrivaient toujours par l’Eure, ont fait construire des tours de pierre et de bois au milieu de fossés remplis d’eau, en bordure de la rivière, pour les voir arriver et les empêcher de débarquer. L’entrée du donjon est située au premier étage, on y accède par une échelle qui retirée lors d’une attaque. Un donjon a existé à Chartres, la Tour le Comte, une tour existait au Gorget, au lieu-dit Forte-Maison, il n’en reste aucune trace. À Lèves, le chanoine Métais, qui a entrepris les fouilles à Josaphat au début du siècle dernier, a retrouvé les fondations d’un donjon sur une hauteur de 3 mètres. Sur ces fondations a été construit un pavillon de chasse de style Directoire qui appartient aujourd’hui à la famille Castaing. Ces donjons vont s’agrandir et devenir des châteaux-forts ; ils n’abriteront plus seulement les guerriers, ils serviront aussi de refuge aux paysans, à leurs animaux et à leurs récoltes.
3ème Travée :
Dans le bas de cette travée, les grosses lignes rouge et or retracent, d’après une vieille estampe, le plan de l’abbaye de Josaphat, qui fut le centre de la vie de Lèves durant plusieurs siècles.
JOSAPHAT , en hébreu « Dieu juge » d’après le livre du prophète Joël « en ces jours- là, je rassemblerai toutes les Nations et je les conduirai dans la vallée de Josaphat ». La Vallée de Josaphat, c’est donc la vallée du Jugement Dernier, la tradition l’a identifiée avec le Val de Cédron, à l’est de Jérusalem.
Quel rapport avec Lèves ?
Vers 1100, la famille des Seigneurs de Lèves est une des plus importantes du pays. Gosselin IV, seigneur de Lèves, comme d’autres chevaliers, part faire son pèlerinage en Terre Sainte (1107-1110). Son frère Geoffroy, chanoine de Notre-Dame de Chartres, s’apprête à son tour à partir pour faire son pèlerinage, mais l’évêque Yves meurt en décembre 1115. Lorsque Geoffroy arrive à Rome, le pape Pascal II lui demande de renoncer à son pèlerinage et de le remplacer par une fondation pieuse. Geoffroy doit retourner rapidement à Chartres où il est nommé évêque en remplacement de Yves. En 1117, en accord avec Gosselin, Geoffroy donne un terrain situé à Lèves pour y construire une église et des bâtiments qu’il met sous la protection de Sainte Marie de Josaphat, en souvenir du pèlerinage annulé et du vœu réalisé. Dans ces bâtiments va s’installer l’abbaye de Josaphat qui sera très florissante pendant plusieurs siècles. Cette abbaye recevra de nombreux dons en terres et en argent, en provenance de seigneurs et des dames désirant recevoir le pardon de leurs fautes. Certains seigneurs et dames sollicitaient l’honneur d’être inhumés dans l’enceinte de l’Abbaye. Plusieurs évêques y furent inhumés, comme ce fut le cas de Jean de Salisbury, dont le Chanoine Métais a retrouvé le sarcophage, une auge en pierre, lors des fouilles effectuées en 1906.
Jean de Salisbury (1110-1180) fut le secrétaire de Thomas Becket, chancelier de Henri II Plantagenêt qui avait épousé Aliénor d’Aquitaine, répudiée par le Roi de France Louis VII. Henri II fut roi d’Angleterre de 1154 à 1189. Jean de Salisbury avait été instruit en France, à Paris, puis à Chartres dont les Écoles étaient très renommées dans le monde du Moyen Age. C’était un humaniste très apprécié de l’évêque de Chartres, Guillaume-aux-Blanches-Mains, qu’il remplaça quand celui-ci partit à Reims, nommé archevêque. Au 12e siècle, le Chapitre de Chartres se choisit un évêque anglais. Il fut un des grands bienfaiteurs de l’abbaye de Josaphat et choisit de s’y faire enterrer. Josaphat signifiant Résurrection, est-ce ce qui a motivé sa décision ? Ses ossements ont été déposés dans la chapelle Saint-Piat, au chevet de la cathédrale. Son sarcophage se trouve dans l’ancienne chapelle, à gauche de la grille d’entrée de la Fondation d’Aligre.
Au centre du vitrail : La Vierge de Josaphat avec l’Enfant-Jésus
À gauche, les saintes reliques (de St Taurin venant de la cathédrale, de Ste Soline venant de Saint Père, la Sainte Chemise…), portées, dans la procession, par le clergé séculier, le clergé régulier, les corps constitués. Les pèlerinages avaient lieu plusieurs fois par an, principalement dans la nuit du Jeudi au Vendredi Saint, lors de périodes de sécheresse : ils attiraient des foules nombreuses (le premier pénétrait à Josaphat que le dernier n’avait pas encore quitté la cathédrale.)
4ème Travée :
Au centre, l’autel de la chapelle de Josaphat, découvert durant les fouilles de 1906, actuellement dans le lapidaire à Aligre. À gauche de l’autel, une procession des membres de confréries et de groupements de charité avec leurs bannières. Cette procession évoque une période plus récente de la vie de l’Abbaye de Josaphat, qui fut fermée durant la Révolution et qui abrita ensuite un dépôt pour les enfants trouvés, à partir de 1807. Plus tard, à partir de 1818, un établissement accueillait les incurables du département sous le nom d’Hospice Marie-Thérèse, car il avait été patronné par Marie Thérèse d’Angoulême, fille de Louis XIV. C’est en 1828 que fut fondé l’Asile d’Aligre grâce à une importante donation de la famille d’Aligre. La famille d’Aligre, issue d’une famille de tanneurs installés jusqu’au 16ème siècle près de la place Saint-André, avait par la suite acquis une de plus importantes fortunes du royaume. Les statues des deux chanceliers de France, sous Louis XVI, issus de cette famille, figurent au lapidaire. À droite de l’autel, une Vierge évoque une statue du 15ème siècle, actuellement au musée de Chartres, retrouvée dans les décombres d’une chapelle construite sur l’emplacement de l’ancienne abbaye du Bois de Lèves dont les moines étaient disciples de Saint-Gilles à partir du 9ème siècle.
Au-dessus de l’autel, de couleur verte, la couronne d’épines de Jésus, pour laquelle Louis IX, futur Saint Louis, avait fait construire la Sainte Chapelle. Cette couronne avait été déposée en 1338 à l’abbaye de Josaphat par le roi Philippe VI de Valois, venu voir son ami Thomas de Meulan, abbé de l’Abbaye. Philippe VI de Valois, mort à Nogent le Roi en 1350, laissa une épine à l’abbaye : cette épine donna lieu à des processions importantes chaque année, dans la nuit du Jeudi au Vendredi Saint. Ces processions furent interdites en 1749 suite à des scandales répétés provoqués par les pénitents. Cette épine a disparu pendant la Révolution. Une statue de Saint Louis portant la couronne d’épines figure au lapidaire.
5ème Travée :
À gauche, en bas, près du pilier, on voit un pèlerin buvant à une source. Cette source, la Fontaine de Notre-Dame, qui faisait peut-être l’objet d’un culte druidique, était réputée guérir les maladies pulmonaires ; elle coule encore auprès de l’autel ancien déposé au lapidaire. C’est sûrement ce culte des eaux qui expliquait les spectaculaires processions vers Josaphat en période de sécheresse avec les châsses et les reliques, mais cette source attirait toute l’année de nombreux malades que l’on voit dans la procession, en haut à droite. À l’extrémité du vitrail, on voit un obus éclater au-dessus de l’église en feu. C’est l’histoire de la Libération de Lèves, le 16 août 1944 : les troupes américaines se trouvèrent opposées, au centre du bourg de Lèves, aux Allemands qui défendaient le carrefour et les maisons proches de l’église. De violents tirs d’artillerie s’abattirent sur l’église et le centre du bourg en provoquant de gros dégâts.